Fruit de la combustion des différents matériaux inflammables impliqués dans un incendie, la fumée cause généralement bien plus de dégâts que le feu lui-même. La faute principalement à son mode de propagation et à sa composition chimique, corrosive et contaminante. Mode d’emploi pour se prémunir efficacement des dommages liés à la fumée en cas d’incendie.

Début 2012, un incendie se déclare dans un bâtiment de production de médicaments. Grâce à une bonne protection sprinkleur et à la rapide intervention de l’équipe de pompiers du site, le feu a vite été maîtrisé et n’a touché qu’une imprimante de bureau et un porte-documents en plastique. Pourtant, Johann Figl, l’ingénieur conseil de FM Global en charge de ce sinistre, estime que cet incendie coûtera environ 300 000 euros, car :

  • La mobilisation de 8 personnes pendant 12 jours a été nécessaire pour nettoyer les quelque 500m² touchés par la fumée d’incendie (soit entre 30 et 35 000 euros) ;
  • Les consommables jetés sont estimés à 250 000 euros.

Pourtant, c’est un sinistre relativement petit car le bâtiment n’étant pas encore rentré en phase d’activité à ce moment-là, il n’y a pas eu de perte d’exploitation. En période de production, les 12 jours de nettoyage auraient été synonymes d’arrêt de production, ce qui aurait considérablement alourdi la facture du sinistre.

Les propriétés de la fumée à l’origine d’importants dégâts

De 168 000 euros pour un incendie “simple”, le coût moyen des dégâts atteint 1,5 million d’euros pour un sinistre de fumée d’incendie. Et le dégagement de fumée peut avoir des conséquences encore plus importantes dans toute activité nécessitant des environnements contrôlés et sécurisés (industrie pharmaceutique, production de semi-conducteurs, industrie agro-alimentaire, luxe, etc.), principalement à cause de :

  • son mode de propagation
    « La fumée dégagée dans un incendie occupe tout l’espace qu’elle peut, migre et contamine tout ce qui peut l’être en s’engouffrant dans la moindre ouverture ». Ainsi, portes, fenêtres, gaines, et autres systèmes de ventilation deviennent autant de moyens de contamination d’autres zones que celle où s’est déclaré l’incendie.
    « Dans chaque pièce contaminée, on va assister à la formation d’un nuage de fumée sous le plafond, puis à une stratification vers le sol en fonction de la quantité de produit brûlé, de la superficie de la pièce, etc. Des dépôts de suie vont ensuite se former, contaminant tout ce qui se trouve dans la pièce. »
  • ses propriétés corrosives et nocives
    Selon les éléments impliqués dans l’incendie, les types de fumées d’incendie vont varier. Certains éléments, comme les produits plastiques présents dans les câblages ou les gaines électriques, dégagent une fumée très corrosive, grasse et contaminante qui, même s’il n’y a pas beaucoup de matière combustible autour du point de déclenchement de l’incendie, va dégrader les équipements autour, même ceux en métal

Ainsi, à la suite d’un dégagement de fumée d’incendie dans une zone de production, plusieurs dispositions sont à prendre :

  • le nettoyage complet de la zone infectée et de l’outil de production, et le remplacement de ce dernier si le nettoyage ne suffit pas à le remettre en état de fonctionnement
  • le remplacement de tous les consommables contaminés

« L’un des risques suite à un incendie est d’attendre trop longtemps avant de mettre en œuvre le nettoyage, avertit Johann Figl. Pour des équipements sensibles ou des machines de production, un délai d’intervention rapide (dans les heures qui suivent) permettra d’éviter que les propriétés corrosives des fumées d’incendie ne les dégradent, et n’entraînera pas de surcoût lié à leur remplacement. »

Rappelons par ailleurs que les incendies peuvent accroître de 14 % les rejets de CO2 d’un bâtiment sur l’ensemble de sa durée de vie. Et plus globalement, les conséquences d’un incendie dans une entreprise peuvent impacter toute une industrie, sur une période plus ou moins longue, du fait de la mondialisation de la chaîne d’approvisionnement. Prendre des mesures préventives, comme posséder un stock permettant de couvrir l’arrêt de l’activité, peut cependant limiter l’impact du sinistre au niveau global.

Des règles simples pour limiter les dégâts de la fumée d’incendie

Les dispositions à prendre en amont permettent en effet de réduire sensiblement la fréquence et la gravité d’un potentiel incendie et de relancer l’activité rapidement.

Première mesure : la construction doit être non-combustible. « Paradoxalement, c’est dans les activités les plus sensibles que l’on retrouve le plus souvent des constructions combustibles en plastique. Les panneaux-sandwich, avec parements en plastique et isolation en matériaux plastiques expansés, favorisent d’une part la propagation de l’incendie, et dégagent d’autre part une fumée chlorée extrêmement corrosive et dangereuse pour la santé ». Il est recommandé des améliorations ou le remplacement des panneaux s’ils s’avèrent trop combustibles.

En parallèle, il faut veiller à ce que les zones techniques et les locaux de stockage aient un niveau de propreté et de rangement aussi bon que possible, ce qui revient entre autres à éliminer un maximum de combustibles dans les zones vulnérables, et à isoler au maximum les stocks.

Par ailleurs, le système de ventilation joue un rôle majeur dans la propagation de la fumée. Dans le cas d’un environnement contrôlé (salles blanches), la centrale de traitement d’air risque d’aspirer les fumées dans la zone d’incendie et de les propager dans d’autres zones propres. Il faut donc couper tout de suite la ventilation des zones incendiées pour les isoler du reste du bâtiment. Pour des activités contrôlées, comme l’industrie pharmaceutique, la production de semi-conducteurs ou encore l’industrie agroalimentaire, il est recommandé que soient mis en place des systèmes d’extraction de fumée d’incendie, en plus des trappes de désenfumage imposées par la réglementation française.

Attention toutefois à ce que le système de désenfumage ne mette pas en échec la protection sprinkleur. « Si le déclenchement des trappes est automatique, il faut vérifier qu’il interviendra bien après celui des sprinkleurs. En se déclenchant avant les sprinkleurs, le désenfumage créera une chute de température sous la toiture, ce qui retardera, voire annulera l’ouverture des têtes sprinkleurs. »

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Source : fmglobal-touchpoints.fr