Changement climatique : le transport maritime s’engage enfin

Le secteur figurait parmi les rares de l’économie mondiale non-couverts par l’Accord de Paris de 2015.

Enfin… Plus de vingt ans après le Protocole de Kyoto de 1997, plus de  deux après l’Accord de Paris , le transport maritime mondial s’est s’engagé à diminuer la pollution des mers.

Réunis à Londres depuis le 9 avril, pour la 72e session du Comité de la protection en milieu marin, les 173 Etats membres de l’Organisation maritime internationale (OMI) ont signé vendredi une feuille de route (« stratégie initiale » en jargon onusien) qui va leur imposer une réduction d’au moins 40 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) à la tonne par kilomètre d’ici à 2030, tout en poursuivant l’action menée pour atteindre 70 % d’ici à 2050.

« C’est un signal positif pour l’ensemble des autres secteurs. D’ici une quinzaine d’année tous les nouveaux navires devront être « zéro émissions ou presque, ce qui marque une vraie rupture », a réagi lundi le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot.

La trajectoire proposée « est compatible avec l’augmentation des températures de 1,5° à 2°C », poursuit-il. De plus, elle pourra être révisée à la hausse, à la lumière des dernières évaluations scientifiques.

Le shipping figurait parmi les mauvais élèves

L’aviation et le « shipping » figuraient parmi les rares secteurs de l’économie mondiale non-couverts par l’Accord de Paris de décembre 2015. Depuis lors, les 191 Etats membres de l’Organisation de l’aviation civile internationale ont finalisé un  accord de réduction des émissions de GES il y a deux ans , qui devrait entrer progressivement en vigueur à partir de 2021.

Pour le shipping, il était temps. Sans engagement international pour les endiguer, les prévisionnistes anticipaient une hausse des rejets polluants de 250 % d’ici à 2050. A cette date, la pollution causée par le transport maritime aurait bondi à 17 % des émissions mondiales de CO2, alors qu’elle ne dépasse pas 3 % aujourd’hui.

La propulsion de la flotte cargo à revoir

Reste qu’avec un objectif « d’au moins 50 % d’ici à 2050 » le compromis final attendu ce vendredi s’avère moins ambitieux que celui réclamé par certaines délégations. L’Union européenne notamment qui avait demandé 70 % au moins et menaçait de mettre en oeuvre ses propres règles si l’OMI n’allait pas assez vite.

Quelles conséquences concrètes sur la filière ? Cet objectif va contraindre les armateurs, et par ricochet les industriels de la construction navale, à revoir de fond en comble les modes de propulsion de la flotte cargo qui fonctionne actuellement au « fioul soute », un carburant qui contient encore plus de particules polluantes – le soufre notamment, que celui utilisé par les poids-lourds.

Quelles alternatives ? « Les technologies sont là mais elles coûtent beaucoup trop cher », a confié au « Financial Times » le responsable du développement durable chez l’armateur danois Maersk, le n° 1 mondial du transport maritime de conteneurs. De son côté, le n° 3 mondial, l’armateur français CMA CGM, n’a pas attendu 2018. Dès octobre 2016, il a signé un accord avec Enegie pour une étude technique et économique visant à faire du gaz naturel liquéfié (GNL) le carburant des porte-conteneurs de demain.

De son côté enfin, l’OMI a lancé le projet Global MTCC Network (GMN) avec à la clef la mise en place de Centres de coopération de technologie maritime (MTCC) sur cinq continents, formant ainsi un réseau mondial qui travaille sur ces sujets.

 

Source : www.lesechos.fr