Les EPI connectés au secours des opérateurs isolés
Qu’ils travaillent seuls sur un chantier, un site industriel ou au bord d’une route, les salariés veulent se sentir en sécurité et être informés en cas de danger. Un besoin auquel répondent les fabricants d’équipements de protection individuels (EPI) connectés. Dans ce domaine, les systèmes de détection de gaz sont les plus avancés.
D’ici 2028, le marché mondial des EPI devrait atteindre 55 milliards de dollars, selon la dernière étude du cabinet Hexa Research, contre 23,5 milliards de dollars en 2014. Gageons que cet accroissement sera, notamment, porté par la vente d’équipements de protection individuelle (EPI) connectés. Grâce à des capteurs intégrés, par exemple dans des gants, gilets, casques ou semelles, ils sont capables d’avertir le porteur en cas de danger imminent. Voire d’appeler les secours si le porteur est victime d’un malaise ou s’il est tombé et immobile. Pour l’heure, la plupart des EPI intelligents et communicants en sont encore à l’état de prototype. A l’exception des EPI détecteurs de gaz, qui ont fait leur apparition au début des années 90.

Surveiller à distance les travailleurs isolés exposés aux gaz

« Aujourd’hui, tous nos nouveaux détecteurs de gaz sont connectés », rapporte Thomas Nègre, directeur marketing global pour la détection de gaz chez Honeywell. Ce géant mondial des EPI a lancé fin mai un appareil portatif et connecté destiné aux travailleurs opérant dans des espaces confinés dangereux. Équipé d’un écran 3,2 pouces, cet appareil, baptisé BW Ultra, sait détecter simultanément jusqu’à cinq substances gazeuses dont les composés organiques volatiles (COV). Grâce à sa connectivité Bluetooth et l’application Safety Communicator, il permet aux responsables de sécurité de surveiller à distance les travailleurs isolés et d’être alertés en cas de problème. Il embarque également la technologie TouchConnect qui rend possible les opérations de calibrage et les tests de déclenchement, sans que le détecteur ne soit connecté à une station d’accueil ou un PC. Fort de ce savoir faire, Honeywell travaille à étendre la connectivité à ses autres familles d’EPI tels que les casques, semelles et gants, afin de prévenir les responsables sécurité en cas de chute de hauteur et autres risques mortels de catégorie 3.

En 2019, un manchon connecté pour sécuriser les opérateurs

Ces développements intéresseront sûrement les partenaires de l’Open Lab Ideas Laboratory. Créé en 2001 à Grenoble, cet Open Lab est hébergé au centre de recherche du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA). Il réunit des acteurs de différents secteurs, parmi lesquels Bouygues Construction et Suez, qui travaillent avec Air Liquide sur des EPI connectés dédiés aux opérateurs travaillant sur des chantiers de construction, des sites industriels ou dans le transport de déchets.

Un prototype fonctionnel d’ici la fin de l’année

Leur réflexion commune a abouti à la réalisation d’un manchon connecté et interactif, intégrant des capteurs ainsi qu’un écran lisible en plein soleil et manipulable à l’aide d’un gant. Tournant sur Android, cet EPI offrira un large éventail de fonctionnalités. Par exemple, l’opérateur pourra être averti d’une exposition élevée aux particules ou au bruit. Mais aussi échanger des informations à distance, lancer des alertes de sécurité, géolocaliser du matériel ou encore consulter des plans. Pour susciter l’adhésion des futurs utilisateurs, cet EPI innovant a été préalablement expérimenté sur les chantiers de Bouygues Construction, les sites d’Air Liquide et auprès d’opérateurs en charge de ramasser des déchets. « Comme il est bien accepté par nos compagnons, nous avons lancé la commande de 10 prototypes afin de valider la conception avec un industriel et avoir un prototype fonctionnel à la fin de l’année. Si ce dernier correspond à nos attentes, nous envisageons d’en commander environ un millier dans un premier temps pour un déploiement en 2019 », espère Philippe Richard, directeur du pôle R&D, ergonomie, productivité et équipements de chantier chez Bouygues Construction.

Système anti-collision avec T2S

En matière d’EPI connecté, le groupe de BTP n’en est pas à son coup d’essai. Auparavant, il avait testé un système anti-collision intégré dans une batterie portable, elle-même insérée dans un gilet connecté fourni par T2S, un fabricant d’EPI. Ce dernier travaille en tandem avec le britannique Eleksen qui commercialise son propre boîtier destiné à être embarqué dans un véhicule. Grâce à ce système, quand un utilisateur se trouve à proximité du boîtier embarqué, il en est averti à l’aide de LED intégrées dans son gilet connecté, tandis que le conducteur de l’engin est prévenu par alerte sonore. « Nous avons testé ce système sur 4 ou 5 chantiers. Il apporte une solution pertinente en complément de notre démarche de sécurité », indique Philippe Richard. A terme, l’information provenant du système anti-collision sera aussi acheminée sur le manchon, sachant que le groupe de BTP veut construire un système ouvert capable de discuter avec le plus d’opérateurs possible, afin d’assurer leur sécurité.

 

Source : Infoprotection.fr