Interview de David Museur, Gérant fondateur de RiskAttitude, sur le risque Fraude :
» La fraude ? nul n’est à l’abri. Sociétés du Cac 40 et PME-PMI-TPE. Toutes sont touchées. «
Pouvez-vous nous parler du phénomène de fraude en entreprise ?
La fraude ? C’est excellent moyen d’obtenir de l’argent et des informations ! L’objectif ? Gagner la guerre économique. Et les échanges dématérialisés facilitent grandement le travail des escrocs ! Avec pour conséquence économique : la mise en péril de l’avenir des entreprises.
En cause ? Les fonds perdus, une mauvaise réputation, l’effondrement du cours boursier et la détérioration des relations commerciales. Sans oublier les drames humains, eux aussi irréparables. Le risque est en pleine expansion et les escrocs gardent toujours une longueur d’avance. Ils bénéficient de complicité en interne. Un beau jour, un employé, qui a l’habitude de « se servir » régulièrement dans son entreprise décide d’aller plus loin. Un autre, qui rencontre de soudaines difficultés financières ou un manque de reconnaissance professionnelle, décide à son tour de sauter le pas. Enfin, il y a le passionné de la fraude motivé, lui, par le challenge. Face à ces Arsène Lupin des Temps Modernes, nul n’est à l’abri. Sociétés du Cac 40 et PME-PMI-TPE. Toutes sont touchées.
Qu-est-ce que la fraude en entreprise ?
Nous parlerons ici uniquement de la plus courante, la fraude externe. La première fraude au Président a été initiée en 2010 par Gilbert Chikli Butin : 20 à 30 millions d’euros dérobés à 40 banques en un an et demi ! Avec toujours le même scénario. Un usurpateur se fait passer pour le dirigeant, il donne l’ordre au service financier de virer des fonds en toute confidentialité. Autre classique du genre : la fraude aux fournisseurs. Un escroc se fait passer pour votre fournisseur et demande le paiement de votre commande. Dans les deux cas, les escrocs acquièrent d’abord une parfaite connaissance de l’entreprise, via les sites internet, les réseaux sociaux et des logiciels espions. Ils font preuve d’une grande ingéniosité : usurpation d’identité, imitation de voix et signature, persuasion, voire chantage. Enfin les fonds virés sont transférés à l’étranger via plusieurs comptes bancaires dont on finit par perdre la trace. Les entreprises subissent aussi régulièrement des cyber-attaques : virus, piratage informatique, espionnage, vol de données.
Quelles sont les mesures de précaution contre les fraudeurs ?
La mesures la plus importante est de s’inscrire dans une démarche RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises). Le personnel doit être sensibilisé aux risques et se voir confier un rôle essentiel en matière de confidentialité. Les managers doivent également être exemplaires et la matière. Tout processus de recrutement ou de licenciement nécessite, enfin, une enquête et un suivi. Il existe aussi des règles de bon sens. Celle des « 3 F » : Fermer la porte de son bureau, fermer son ordinateur et fermer sa bouche quand le travail est terminé. Mettre à jour régulièrement ses logiciels. Veiller à sécuriser son mot de passe et son accès Wifi (notamment pendant ses déplacements). Sauvegarder régulièrement ses données sur un support physique et sur un cloud sécurisé. Ne pas délivrer d’informations commerciales ou stratégiques sur les réseaux sociaux. Une fois toutes ces précautions prises, il demeure toujours préférable de souscrire une assurance.
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