L’intensification du travail, la complexité des processus et les performances économiques demandées aux salariés favorisent l’émergence de risques psychosociaux (RPS), à l’instar du burn-out, du bore-out ou du brown-out, etc, qui peuvent entraîner de graves maladies. Or, jusqu’à présent, les coûts sont, pour l’essentiel, supportés par la Sécurité sociale. Un rapport parlementaire suggère de favoriser la reconnaissance du burn-out en maladie professionnelle. De quoi inciter les entreprises à mieux prendre en compte la souffrance psychologique de leurs salariés au travail.

L’intensification et la digitalisation du travail, la complexité grandissante des processus, la réduction des temps de repos mais aussi  l’hyperconcurrence entre les entreprises font peser sur la santé mentale et physique des salariés de nouveaux risques situés à l’interface entre l’individu (psycho) et son environnement de travail (social).
A défaut d’être prévenus, ces risques psychosociaux (RPS) peuvent provoquer des maux de têtes, problèmes de sommeil, troubles musculo-squelettiques mais aussi des pathologies graves comme des maladies cardio-vasculaires ou des dépressions. Voire même des tentatives de suicides. D’origine professionnelle, le stress chronique, burn-out, bore-out, brown-out et autres RPS sont engendrés par des conditions d’emploi et des facteurs organisationnels et relationnels.

Coût annuel du stress au travail : 20 milliards d’euros en Europe

En Europe, le coût économique annuel du stress au travail dépasserait les 20 milliards d’euros. En France, selon une enquête menée conjointement par l’Institut national de recherche et sécurité (INRS), Arts et Métiers ParisTech et le Groupe de recherche sur le risque, l’information et la décision (unité de recherche commune Arts et Métiers ParisTech – ESTP – IAE de Paris), le stress au travail aurait coûté, en 2007, entre 1,9 et 3 milliards d’euros au minimum. Ces sommes incluent les dépenses liées aux soins, à l’absentéisme, aux cessations d’activité et aux décès prématurés. Mais ils ne prennent pas en compte la souffrance et la perte de bien être pour l’individu. Surtout, ces coûts ne prennent pas en compte les dépenses consacrées par l’entreprise pour remplacer le salarié en arrêt maladie, la baisse de productivité, la mauvaise qualité du travail, le turnover et la mauvaise image de l’entreprise.

Burn-out : de multiples définitions

 Depuis 2008, d’autres RPS sont apparus dans le radar des professionnels de santé. A commencer par l’addiction au travail ou Workaholisme. Ce dernier concerne les salariés qui passent énormément de temps au travail. A l’instar des  personnes sujettes au stress chronique, leur implication excessive peut aboutir à l’épuisement professionnel appelé aussi le syndrome du burn-out. Pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il s’agit d’un sentiment de fatigue intense, de perte de contrôle et d’incapacité à aboutir à des résultats concrets au travail. Cette définition apparaît dans le rapport réalisé à la demande de l’Académie de médecine par Jean-Pierre Olié et le psychiatre Patrick Légeron.

Ce spécialiste des RPS estime que trois éléments sont nécessaires au diagnostic de ce syndrome. Le premier signe c’est l’épuisement complet du corps et du psychisme. La personne est vidée et n’a plus de ressort physique. Un autre signe concerne son absence d’émotions, elle ne ressent plus de sentiments et peut faire preuve de cynisme, d’attitudes et de comportements négatifs envers ses collègues, clients et patients. « Enfin, le troisième aspect concerne le sentiment de ne plus rien valoir. L’estime de soi est démolie », ajoute le psychiatre qui consulte encore au Centre Hospitalier Sainte-Anne de Paris. En France, le burn-out toucherait en France 7% des malades souffrant de RPS sur un total d’environ 500.000 personnes, selon Patrick Légeron qui est aussi fondateur de Stimulus, cabinet le plus ancien dédié aux problématiques de stress au travail.

Brown-out : perte d’estime de soi

Depuis qu’est apparu le phénomène du burn-out dans les années 1980, d’autres syndromes d’origine professionnelle sont apparus. Le plus récent, le brown-out concerne les salariés qui ont la sensation de ne servir à rien. Ce sentiment touche des valeurs profondes comme l’estime de soi. « Cette affection peut concerner des personnes hautement diplômées auxquelles l’entreprise propose des tâches peu valorisantes », rapporte Amandine Bonnet, psychologue de la santé, et psychothérapeute au centre R-Revolution. Selon cette professionnelle de santé, les personnes atteintes du brown-out souffrent tout autant que celles qui souffrent du bore-out (en français ennui au travail). L’absence d’occupation entraîne un sentiment d’inutilité chez le salarié qui en éprouve une certaine culpabilité. Cette situation peut l’amener à contracter des pathologies physiques et psychiques qui peuvent aller jusqu’à la dépression.

Le coût de ces pathologies professionnelles est injustement imputé à la sécurité sociale

En 2015, 418  personnes ont bénéficié auprès des comités régionaux des maladies professionnelles (CRRMP)  d’une reconnaissance de maladies psychiques (soit une hausse d’environ un tiers par rapport à 2014). Pour être reconnu, le malade doit présenter un taux minimal d’incapacité permanente partielle (IPP) de 25%, soulèvent les auteurs du rapport qui recommandent d’expérimenter pour une durée limitée l’abaissement à 10 %, voire la suppression du taux minimal d’IPP pour ouvrir à plus de victimes la possibilité de faire reconnaître et indemniser les conséquences de leurs souffrances et de leur handicap.
L’intérêt d’une telle mesure serait d’imputer correctement les organismes chargés de financer la réparation des dommages subis sachant qu’actuellement, c’est la sécurité sociale qui prend en charge ces pathologies liées au travail. Demain, si le taux d’IPP nécessaire à la reconnaissance passe de 25 % à 10 % comme le demande le rapporteur de l’Assemblée nationale, il est probable que les employeurs se montreront plus actifs dans la prévention des risques RPS. Il est d’autant plus urgent que les entreprises réagissent que le Réseau national de vigilance et de prévention des pathologies professionnelles (RNV3P) constate qu’aujourd’hui les  troubles psychosociaux et du comportement sont les premiers problèmes de santé au travail observés dans les centres de consultation de pathologies professionnelles (CCPP).

Source : Infoprotection

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