Risques environnementaux : une augmentation des émissions de gaz à effet de serre à prévoir

Menée par des laboratoires français, une nouvelle étude montre que les estimations d’émissions de GES sont encore plus sous-évaluées que prévu. De quoi inciter les acteurs à prendre des mesures plus efficaces afin de limiter les risques climatiques.

Dans le sillage de la Conférence de Paris sur le climat (COP21), l’Accord de Paris sur le changement climatique, premier accord universel sur le climat, vise à maintenir l’augmentation de la température mondiale en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels. Ce qui revient à limiter les émissions de gaz carbonique à 42 CO2eq/an en 2030. Bien sûr, on en est loin.

Écart alarmant entre les émissions actuelles et les engagements de Paris

Signé le 12 décembre 2015 et entré en vigueur le 4 novembre 2016, l’Accord de Paris se fonde sur les « contributions déterminées à l’échelle nationale » [Nationally Determined Contributions, (NDC)]. Lesquelles résument les objectifs nationaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) pour l’horizon 2025-2030. Comme l’indique le « Gap Report » de 2017 du Programme des nations unies sur l’environnement (PNUE), ceux-ci se situeraient dans une fourchette de 49,5 à 56,2 Gt CO2eq/an, sachant que l’on en est aujourd’hui à 51,9 Gt CO2eq/an. Cet écart entre les réductions nécessaires et les engagements nationaux pris à Paris est déjà jugé « alarmant ». Or, une nouvelle étude montre que ces estimations sont largement sous-évaluées. En effet, une nouvelle étude menée par le Laboratoire de météorologie dynamique, le Laboratoire d’économie appliquée de Grenoble et le Centre international de recherche sur l’environnement et le développement, montre que la situation est probablement encore très sous-estimée. Publiée dans « Environmental Research Letters », cette étude fournit alors une analyse des sources d’incertitude et de leurs impacts sur les émissions mondiales de GES en 2030 basée sur la réalisation unique et complète des NDC. Résultat, l’étude quantifie les émissions mondiales dans une fourchette de 56,8 à 66,5 GtCO2eq/an. Ce qui est encore plus élevé que les estimations précédentes.

Mises à jour nécessaires

Pis, contrairement aux études antérieures, celle-ci ne tient pas compte de l’impact des politiques actuelles qui ne sont pas (encore) reflétées dans l’objectif NDC. L’estimation porte sur le niveau absolu des émissions de GES qu’impliquent littéralement les NDC. Il est concevable que les tendances économiques ou les politiques actuelles se traduisent par des émissions plus faibles que celles projetées par les NDC pour certains pays. Inversement, certains autres pays pourraient enregistrer des émissions plus élevées que prévu. L’analyse permet donc de savoir ce que seraient les émissions si les objectifs des NDC étaient pris en compte « à leur valeur nominale », c’est-à-dire s’ils étaient exactement atteints. Ces informations peuvent être utilisées pour mettre en évidence la nécessité de mettre à jour les NDC et pour suivre la manière dont les révisions des NDC réduiraient les émissions de 2030 et l’incertitude associée. Par exemple, la Chine a présenté une cible d’intensité plutôt conservatrice dans son NDC, et certains analystes estiment qu’elle pourrait être dépassée.

Méthodologie et code partagés

En dépit de ces incertitudes, l’étude montre que les NDC déplacent fortement les émissions de GES vers les pays émergents et en développement et réduisent les inégalités internationales en termes d’émissions de GES par habitant. Afin d’exploiter les points forts de la méthodologie, à savoir sa haute résolution par pays, sa flexibilité et sa transparence, les projections et le code sont mis à la disposition des chercheurs pour reproduire, améliorer ou mettre à jour l’analyse. En suivant les émissions de GES et en les comparant aux projections, il sera possible d’évaluer quels NDC sont en voie d’être atteints, dépassés ou au contraire non-atteints. Cette approche collaborative permet également de mettre à jour les projections d’émissions lorsque de nouvelles données seront disponibles ou lorsque de nouveaux NDC seront soumis dans le cadre du processus de « bilan mondial » de l’Accord de Paris et de révision des NDC.

 

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