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 » Ce sont des gestes du quotidien : appuyer sur l’interrupteur, recharger son téléphone portable, passer un examen à l’hôpital. Sans y penser ou parfois même le savoir, ces gestes contribuent à produire des déchets radioactifs. Certains d’entre eux sont issus du retraitement des combustibles usés des centrales nucléaires françaises ; ils sont très dangereux et vont le rester pour des durées vertigineuses : plus d’une centaine de milliers d’années. « 

La France travaille depuis plus de vingt-cinq ans sur un projet appelé « Cigéo ». Ce projet, mené par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), consiste à stocker ces déchets en grande profondeur à la limite des départements de la Meuse et de la Haute-Marne. Son objectif : protéger l’homme et l’environnement de la dangerosité de ces déchets sur le très long terme. Le Parlement a retenu, il y a dix ans, le principe du stockage à grande profondeur comme la solution la plus sûre pour ces déchets. Sur 100.000 ans, les aléas de la civilisation (guerres…) comme les éléments naturels (glaciations…) seront tels que ce serait un pari fou que d’imaginer qu’ils seront toujours en sécurité dans des entrepôts de surface. La couche d’argile sélectionnée pour accueillir ces déchets est vieille de 160 millions d’années. Elle est reconnue pour sa stabilité, son imperméabilité et sa capacité à confiner la radioactivité sur le très long terme. Cette argile est étudiée depuis quinze ans dans le laboratoire de l’Andra situé à moins 500 mètres.

Le choix du stockage profond, la France n’est pas la seule à l’avoir fait : c’est l’option retenue au niveau européen, et même mondial. L’autorité de sûreté suédoise vient de valider le projet national tandis que la Finlande s’apprête à stocker les premiers colis de déchets en 2020. L’Allemagne, malgré sa position de pionnière dans l’arrêt de la production d’électricité nucléaire, s’oriente elle aussi vers le stockage profond, même si elle est bien moins avancée dans le processus que ses voisins.

Qu’est-ce que cela prouve ? Que la question des déchets nucléaires se pose quel que soit le choix ou l’opinion que l’on peut avoir sur le nucléaire. Car ces déchets sont bel et bien là, et pour longtemps, et c’est notre responsabilité que de nous en occuper. Ne rien faire, cela reviendrait à transmettre aux générations qui nous succéderont la charge de ces déchets que nos grands-parents, nos parents et nous-mêmes avons contribué à produire.

Certains, dans leur lutte contre le nucléaire, ont intérêt à tout faire pour que ce projet ne voie pas le jour et, ce faisant, voudraient que perdure le statu quo en prônant une hypothétique « vraie solution » que les scientifiques du futur ne manqueraient pas de trouver. Que devons-nous faire ? Attendre ? Prendre le risque de ne pas trouver de meilleure solution ? Pourquoi serait-ce à nos arrière-petits-enfants de trouver une solution pour des déchets qu’ils n’ont pas produits ? N’est-ce pas de notre responsabilité que d’assumer et de prendre aujourd’hui des décisions ?

Après deux lois, en 1991 et en 2006, le projet Cigéo est de nouveau à l’agenda de l’Assemblée nationale ce lundi 11 juillet, pour débattre des conditions de sa réversibilité, c’est-à-dire en substance de la capacité des générations futures à adapter le projet, le modifier ou revenir en arrière. Cette loi protège la capacité de nos descendants à pouvoir prendre des décisions, quelles qu’elles soient, notamment en prévoyant d’autres rendez-vous devant le Parlement. C’est une étape importante car elle intègre des exigences fortes exprimées par les élus et la société civile. Mais ce n’est en aucun cas son autorisation définitive, qui n’interviendra pas avant plusieurs années.

Aujourd’hui, la représentation nationale peut montrer qu’elle sait dépasser les débats partisans.

Elle peut montrer qu’elle peut prendre des décisions engageantes sur le long terme, des décisions difficiles, mais des décisions qui montreront aux générations futures que nous avons su prendre nos responsabilités à temps.

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