transport-aerienRéunis à Montréal, les 191 pays membres de l’OACI ont adopté un mécanisme pour limiter, d’ici à 2035, les émissions carbone des vols internationaux à leurs niveaux de 2020.

On ne pouvait pas rêver meilleure date pour une telle annonce. Alors qu’à l’ONU on se réjouissait mercredi de l’entrée en vigueur,  de l’Accord de Paris sur le climat, l’industrie du transport aérien _ qui était la grande absente de cet accord _ a annoncé jeudi qu’elle était le premier secteur industriel à adopter un mécanisme de limitation des émissions carbone.

« L’esprit de Paris a soufflé sur Montréal » a déclaré jeudi Olumuyiwa Benard Aliu, le président de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) à l’adresse des 191 délégués des pays membres réunis en assemblée dans la deuxième ville du Canada. « Le secteur aérien peut légitimement être fier de ce magnifique succès« , a estimé de son côté Philippe Bertoux, ambassadeur de France.

Les délégués ont presque réussi à faire taire leurs différences pour adopter un processus en deux phases dont l’objectif consiste à limiter, d’ici à 2035, les émissions carbone au niveaux observés en 2020.

Obligatoire à partir de 2027

La première phase, sur une base volontaire, va démarrer en 2021 par une étape pilote qui, après une évaluation l’année suivante, sera mise en application avec une mesure mondiale basée sur le marché, (global market-based measure, soit GMBM en anglais). C’est ce système qui a été entériné jeudi et qui se traduira par l’achat par les compagnies aériennes de crédits carbone auprès d’autres secteurs économiques sur une bourse d’échanges. A partir de 2027, ce mécanisme sera obligatoire pour tous les pays à l’exception des plus pauvres, les micro-Etats ou ceux qui représentent moins de 0,5% du trafic mondial de passagers.

Soixante-quatre pays ont d’ores et déjà confirmé leur participation volontaire à cette première phase. Parmi eux, tous les pays européens, les Etats-Unis, la Chine, le Canada ou le Japon.

Toutefois, le futur système ne concernera que les vols internationaux exploités par les compagnies aériennes des Etats adhérents, les émissions des vols intérieurs, elles, ne seront pas comptabilisées. « Environ 80% des émissions seront couvertes par ce mécanisme entre 2021 et 2035″, a souligné la commissaire européenne au Transport, Violeta Bulc. Une clause prévoit si nécessaire « l’amélioration de ce GMBM, en conformité avec les objectifs de l’accord de Paris, » a-t-elle ajouté. La commissaire a toutefois regretté que l’obligation à respecter le dispositif ait été reporté à 2027, au lieu de 2021 et que les détails concernant le mécanisme lui-même ait laissés dans le flou -les groupes techniques de l’OACI s’atant donnés trois ans pour concevoir l’instrument.
Un premier pas dans la bonne direction

Si l’OACI, qui dépend des Nations unies, a entériné cet accord par consensus, certains pays ont émis de sérieuses réserves, notamment l’Inde, la Russie, et dans une moindre mesure, la Chine, l’Afrique du Sud, l’Arabie saoudite, le Brésil, le Chili et les Philippines. « La Russie n’est pas encore en position de manifester sa participation », a prévenu sa délégation. Les émissions de GES du secteur aérien vont augmenter, estime Moscou pour qui l’objectif proposé est « irréaliste ».

Source : Lesechos